Serge Bilé est revenu ce vendredi 30 octobre 2020, sur la candidature de Ouattara qu’il qualifie de violation de la Constitution.
Même si je n’espérais rien changer et n’avais de surcroît rien à gagner, sauf à me fâcher avec des amis célèbres ou non, je ne regrette pas de m’être impliqué jusqu’au bout dans l’élection présidentielle ivoirienne. C’est d’ailleurs la première fois, de toute ma vie, que j’interviens ainsi dans un scrutin, non pas parce que je n’avais rien à dire dans les pays où j’ai vécu jusqu’ici, mais parce que dans ces pays là, en dépit de divergences de fonds, la démocratie n’était pas en jeu.
À 60 ans, on n’attend rien pour soi en prenant position, mais je n’avais pas envie que des enfants africains s’entendent répondre, demain, comme moi dans ma jeunesse, qu’il n’y a pas d’avenir libre pour eux sur ce continent, car ils appartiennent à une « génération sacrifiée ».
Parce que j’ai défendu le prisonnier Laurent Gbagbo en 1993, dénoncé le coup d’Etat contre Henri Konan Bédié en 1999, soutenu le droit d’Alassane Ouattara d’être candidat en 2000, je n’ai aucun problème pour dire à chacun d’eux qu’ils sont, malgré leurs qualités personnelles, le caillou dans la chaussure de la Côte d’Ivoire qui l’empêche d’avancer vite et bien.
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En 2010, je n’ai pas été suivi quand j’appelais à voter, ni pour Bédié, ni pour Gbagbo, ni pour Ouattara, en écrivant qu’ils avaient trop de haine recuite entre eux et que si l’un se déclarait vainqueur, les deux autres se ligueraient contre lui.
Dix ans après, nous en sommes au même point, sauf que le fautif en chef cette fois est le candidat au troisième mandat. Ouattara passera en force le 31 octobre mais ça n’empêchera pas, ni moi ni d’autres, de dire et redire qu’il a violé la Constitution. Les mots ne valent peut-être rien face aux puissants qui puisent leur force dans les divisions, derrière et devant eux.
Les mots ne valent peut-être rien non plus pour leurs partisans qu’on a soutenus quand ils souffraient hier dans l’opposition, ces mêmes qui applaudissent aujourd’hui les pratiques qu’ils dénonçaient à l’époque. Mais l’important est ailleurs.
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La victoire morale, celle des idées, des règles et des principes, sera toujours plus belle que celle, rusée ou brutale, des hommes et des femmes qui tordent le cou au droit pour le plier à leur desiderata. Demain sera un autre jour