Les félicitations pour la réélection du président Alassane Ouattara ont commencé à parvenir au chef de l’Etat ivoirien, a-t-on appris.
Alassane Ouattara a reçu le mardi 10 novembre 2020, le renfort public de ses pairs africains qui ont reconnu sa réélection à un troisième mandat controversé à la tête de la Côte d’Ivoire, où la situation politique et sécuritaire restait tendue au lendemain de violences qui ont fait 10 morts.
Dans des communiqués, l’Union africaine (UA) et la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont félicité le chef de l’Etat ivoirien, après la validation définitive lundi par le Conseil constitutionnel de la victoire de M. Ouattara au premier tour du scrutin présidentiel du 31 octobre avec 94,27% des voix, pour un troisième mandat que l’opposition juge inconstitutionnel.
La présidence ivoirienne a aussi reçu, par courrier, des messages du Maroc, du Sénégal, du Togo et du Ghana, selon une source proche de la présidence.
L’opposition ivoirienne a boycotté l’élection et refuse de reconnaître sa validité. Les troubles liés à l’élection ont fait une cinquantaine de morts depuis trois mois, dont une dizaine lundi, alors que l’opposition avait appelé à une journée de mobilisation.
Alors que le pouvoir et l’opposition ivoiriens sont à couteaux tirés, l’UA « invite tous les acteurs politiques à privilégier le dialogue pour préserver la cohésion sociale et la paix », et la Cédéao « exhorte » le président Ouattara à « tout mettre en œuvre en faveur du rassemblement des Ivoiriens ».
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- « faire baisser la tension » –
Les deux institutions panafricaines soulignent que le dialogue doit se faire dans le « respect des institutions » (UA) et des « voies du droit » (Cédéao), alors que l’opposition a annoncé la mise en place d’un régime de « transition » au lendemain du scrutin.
Lundi soir, lors d’une adresse télévisée à la Nation, le président Ouattara a invité son principal opposant Henri Konan Bédié à « une rencontre dans les tout prochains jours pour un dialogue franc et sincère en vue de rétablir la confiance ».
Un signe d’apaisement après avoir usé de la manière forte face à l’opposition: à l’exception de M. Bédié, ex-chef de l’Etat, tous les leaders de l’opposition font l’objet de poursuites judiciaires et ont été emprisonnés, ou sont bloqués chez eux par les forces de l’ordre, à la suite de la création d’un « Conseil national de transition » (CNT).
Ni M. Bédié ni son Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) n’ont encore réagi officiellement à l’offre du président Ouattara. Mais N’Goran Djiedri, directeur général de l’administration du PDCI, et dirigeant d’un de ses courants (Notre Héritage) a posé des conditions.
« Au dialogue, il vient dans quelle tenue ? S’il vient comme citoyen ordinaire, OK. Oui au dialogue, mais avec la plateforme de l’opposition (qui a lancé le CNT) et avec un médiateur de l’ONU », a-t-il déclaré à l’AFP. « Même un bébé de deux ans ne fait plus confiance à Alassane Ouattara », a-t-il ajouté.
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« L’ex-président de la Côte d’Ivoire » Alassane Ouattara « appelle l’opposition ivoirienne au dialogue avec la même intention que le loup affamé appellerait l’agneau au dialogue », a réagi de son côté Guillaume Soro, l’ex-chef de la rébellion et ancien Premier ministre, devenu opposant farouche au régime et en exil à l’étranger, s’exprimant sur Twitter.
Par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, la France a estimé que l’offre de dialogue de M. Ouattara allait « dans le bon sens », mais souhaité que « des actes contribuent à l’apaisement ».
« Que Bédié et Ouattara se voient et soient vus ensemble pourrait faire baisser la tension », a jugé un diplomate occidental à Abidjan.
Plus de 8.000 personnes ont fui la Côte d’Ivoire vers les pays voisins, principalement le Liberia, en raison des violences liées à l’élection présidentielle qui ont fait une cinquantaine de morts, a rapporté mardi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La crainte d’une escalade des violences reste présente dans ce pays d’Afrique de l’ouest, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, ainsi que 300.000 réfugiés et un million de déplacés internes en Côte d’Ivoire, selon le HCR.