Bio – CV : Qui est Simone Gbagbo, épouse de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, surnommée la « dame de fer » ?
Née le 20 juin 1946 à Moussou dans la cité balnéaire de Grand Bassam, Simone Ehivet est une femme politique qui aura contribué à la naissance du parti d’opposition qui a écrit les premières pages du multipartisme en Côte d’Ivoire. Il s’agit du Front Populaire Ivoirien qui était face au Parti Démocratique de Côte d’Ivoire dirigé par le ‘sage d’Afrique’ Houphouët Boigny en 1990. Sa vie est intimement liée à celle du ‘camarade’ Laurent Gbagbo qui deviendra son époux.
Fille de gendarme et issue d’une fratrie de 15 enfants dont elle est la cadette, Simone Ehivet bénéficie d’une éducation rigoureuse qui va la conduire vers un parcours scolaire et universitaire marqué par le militantisme et l’excellence.
Élève brillante de l’Ecole normale supérieure, elle est major de sa promotion lors du concours d’entrée au CAPES. Etudiante à l’Université Paris XIII, elle obtient sa maitrise en lettres modernes, option littérature orale, en 1976, puis un DEA à l’Université de Dakar en 1981, suivi d’un doctorat. En Côte d’Ivoire où elle est professeur de l’enseignement secondaire, elle obtient un une licence en linguistique africaine en 1984.
Ce parcours universitaire est surtout marqué par son amour pour le syndicalisme. Elle fait ses armes dans plusieurs organisations dont la JEC (Jeunesse estudiantine catholique), la cellule Lumumba, le SYNESCI (Syndicat de professeurs de lycée) ou encore le SYNARES (Syndicat de professeurs d’université) qu’elle va diriger.
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C’est d’ailleurs dans ce milieu universitaire bouillonnant d’idées révolutionnaires avec des intellectuelles comme Bernard Zadi Zaourou qu’elle va commencer à s’intéresser à la politique. Dans cette Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny où avoir des convictions contraires à la logique du parti unique était considéré comme un crime de lèse-majesté, elle va se joindre à une poignée d’hommes pour fonder en 1982 le FPI, dans la totale clandestinité, avec un certain Laurent Gbagbo qu’elle rencontre en 1973.
Cet enseignant fraîchement sorti d’un ‘redressement militaire’ pour ses penchants socialistes deviendra ‘le père du multipartisme’ après un parcours jalonné d’emprisonnements. La prison, Simone va y goûter à plusieurs reprises aux côtés de Laurent Gbagbo qui devient en 1989 son époux.
Mais elle ne renoncera jamais à la lutte et aux valeurs du FPI porté dès sa naissance par Aboudramane Sangaré surnommé le ‘gardien du temple’, Assoa Adou, Pascal Kokora, Pierre Kipré et Laurent Gbagbo, que ses partisans appellent le ‘Woody de Mama’.
Le FPI des années 1980 ne roulait pas sur l’or avec ses mentors qui souffraient cruellement du gel de leurs salaires et de la pression de la police. Simone Ehivet va en faire les frais puisqu’elle va élever seul les jumelles du couple Gbagbo alors que son futur mari est en exil. C’est d’ailleurs deux ans après le retour de ce dernier que la Côte d’Ivoire va organiser ses premières élections multipartites (1990).
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Laurent Gbagbo est battu à la présidentielle et Simone échoue aux législatives et aux municipales dans la commune d’Abobo. Mais l’année 1990 va marquer un tournant décisif dans la ‘radicalisation’ du FPI qui décide d’extérioriser toutes les frustrations sociales et la grogne longtemps couvées pour les Ivoiriens.
La situation devient tendue entre le FPI et l’appareil sécuritaire d’Etat aux ordres du Premier ministre Alassane Ouattara et du patron de l’armée Robert Guéï.
Simone et Laurent Gbagbo seront humiliés par des passages à tabac dans des camps militaires, des brimades et un emprisonnement à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Ces années de plomb ne font pas briser la volonté de Simone Gbagbo d’avancer en politique.
Lorsque le président Houphouët-Boigny meurt en 1993, les cartes politiques sont rebattues. Alassane Ouattara, désormais leader du Rassemblement des Républicains et fraîchement évincé par Henri Konan Bédié, se rapproche des Gbagbo et tente avec eux une alliance sous la bannière du Front Républicain.
L’idéologie des deux parties et sans doute le rôle de Ouattara dans la répression du FPI ne permettra pas à l’alliance de durer. Le FPI retourne au charbon en 1995 sans son allié du RDR, Alassane Ouattara étant exclu par la thèse de l’ivoirité. Le parti de Laurent Gbagbo déclenche un boycott actif lors de la présidentielle jugée très peu transparente, mais il prend part aux législatives.
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C’est d’ailleurs au cours de ces élections que Simone Gbagbo est élue député et prend la présidence du groupe parlementaire FPI à l’Assemblée nationale. Bien que minoritaire, le FPI participe à la vie politique ivoirienne dans un contexte où il s’indigne de l’embourgeoisement de la classe politique du pays et du manque de considération envers les Ivoiriens.
La grogne gagne l’armée, dont le chef d’état-major, Robert Guéï, est remercié et momentanément nommé ministre des Sports. C’est ce général mis à la retraite qui revient renverser Bédié en 1999. Dans les rues d’Abidjan, on parle d’un coup d’Etat salutaire et sans effusion de sang.
Simone Gbagbo a-t-elle vue ce coup d’Etat comme une occasion de porter son mari à la présidence ? Sans doute puisqu’elle va se montrer particulièrement active lors de la présidentielle de 2000. Les Ivoiriens la découvre sous une autre facette. Elle renvoie l’image d’une croyante, très pieuse et n’hésite pas à ponctuer ses discours de mobilisation par des passages de la Bible.
Robert Guéï, surnommé Le Balayeur, refuse de quitter le palais présidentiel après les élections de 2000. La proclamation des résultats est stoppée net par les militaires. Le mot d’ordre du FPI de prendre d’assaut les rues est largement suivi. Simone Gbagbo devient première dame de Côte d’Ivoire en 2000, mais sa joie sera de courte durée.
En 2002, une rébellion éclate dans le nord de la Côte d’Ivoire. Le FPI doit de nouveau se battre pour garder le pouvoir. Et dans cette lutte, Simone Gbagbo occupe une place de choix. Elle est au cœur des mécanismes de prise de décision et mobilise les bases pour obtenir un soutien populaire. Elle, qui fut chargée de la formation politique des militants lors de la création du FPI, retrouve l’arène. Son style de vie simple pour une première dame va lui permettre de se fondre dans la masse.
Message politique aux allures messianiques auprès des jeunes et des femmes ou encore mobilisation dans les milieux religieux, Simone Gbagbo est omniprésente sur l’échiquier politique durant la crise. Koffi Annan n’a pas caché son intention de l’inviter à l’ONU lors des travaux sur la Côte d’Ivoire en cas de blocage dans la mise en œuvre des décisions concernant le pays. L’ancien patron de l’ONU reconnaissait sans doute l’influence qu’elle avait sur son époux. Une influence que ses détracteurs qualifient de négative et qui aurait poussé son mari à s’accrocher au pouvoir.
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L’élection présidentielle de 2010 va déboucher sur une crise post-électorale. Simone Gbagbo multiplie les meetings alors que son mari sous pression de la communauté internationale se fait de moins en moins voir. Elle réussit à mobiliser plus de 5.000 sympathisants lors de son dernier grand meeting à Treichville, dans le sud d’Abidjan.
Elle n’hésite pas à s’attaquer ouvertement à la France et aux Nations unies, taxées de soutenir celle qu’elle appelle ‘le chef bandit’. Les nombreuses négociations et médiations pour que Laurent Gbagbo cède le pouvoir sont vaines. A chaque échec, le spectre de l’intervention de Simone Gbagbo plane. Alors que les combats se rapprochent d’Abidjan, elle reste auprès de son époux dans un bunker du palais présidentiel.
Fidèle jusqu’au dernier instant, elle est capturée avec son mari et malmenée par des soldats. Lors de son procès, cinq ans plus tard (juin 2016), elle décrit sa détention à l’hôtel du Golf. « Moi-même je suis arrivée les fesses à l’air, ma nudité exposée. J’ai subi plusieurs tentatives de viol en plein jour et tout cela en présence des soldats français qui filmaient ».
Simone Gbagbo, accusée d’atteinte à sureté de l’Etat, sera condamnée à 20 ans de prison. Après sept ans sous les verrous, elle est libre grâce à une l’amnistie annoncée par le président Alassane Ouattara.