Père Marius Hervé Djadji se prononce sur la présence des arnaqueurs qui se font passer pour des prêtres et les faux profils sur Facebook.
Depuis une quinzaine d’années je suis présent sur la toile pour enseigner, former et aider les fidèles à la prière. C’est à partir de mes articles sur Facebook que j’ai pu publier mes deux premiers livres de prière : la joie de prier t.1 et 2.
Les formations organisées dans l’archidiocèse de Malines-Bruxelles et à l’université de Louvain la Neuve sur les nouvelles formes d’évangélisation surtout sur la présence de l’Église sur Facebook m’ont permis d’approfondir mes recherches sur la pastorale sur les réseau sociaux. Face à la présence des arnaqueurs qui se font passer pour des prêtres et avec l’avènement de faux profils de prêtres sur Facebook, j’ai décidé de vous proposer la présente réflexion.
-Les consignes à observer
1-Un prêtre est sur votre mur avec un pseudonyme, avec un ornement sacerdotal. Si vous ne connaissez pas ce prêtre, si vous ne l’avez jamais vu, demandez d’abord qu’il décline son identité civile. Avec son identité vous pouvez le retrouver facilement sur internet et voir qui il est.
2-Demandez au prêtre son année de sacerdoce, son diocèse d’origine et le diocèse où il est en service ainsi que sa paroisse d’origine et la paroisse dans laquelle il sert.
3-Si le prêtre dit qu’il est aux études, qu’il donne l’institut ou l’université où il étudie. Avec le nom de l’Institut vous pouvez appeler le secrétariat ou la direction.
4-Si le prêtre dit qu’il est religieux ne paniquez pas. Effectivement il y a deux types de prêtres: les religieux et les diocésains.
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5-S’il dit qu’il est religieux qu’il donne le nom de sa Congrégation. Car chaque prêtre religieux est issu d’une Congrégation. S’il dit qu’il est d’une Congrégation, il doit aussi vous donner sa date d’ordination, et où il sert ainsi que son diocèse et sa paroisse d’origines.
7-N’hésitez pas à contacter un prêtre où votre curé ou un ami prêtre lorsque vous doutez d’un prêtre sur votre mur. Car un prêtre a les outils de recherche pour savoir si l’arnaqueur est un faux ou un vrai prêtre.
8-Retenez que tout prêtre, même les évêques, et le pape ont une paroisse d’origine, leur diocèse d’origine. Si vous voulez bien approfondir demandez une image de son ordination ou une image où il préside l’eucharistie avec des confrères autour et une assemblée.
Retenez qu’une image d’une personne seule en chasuble ou soutane même avec un calice en main ne signifie pas que la personne est un prêtre. Même quelqu’un qui prend une photo avec le pape cela ne veut pas dire que c’est un prêtre.
9-Soyez prudents lorsque pour prouver qu’il est prêtre votre ami sur les réseaux sociaux publie des photos où il est toujours avec les évêques, les cardinaux, certains prêtres connus parce que c’est une stratégie de communication que les arnaqueurs utilisent pour donner une certaine crédibilité à leur mensonge. Ils aiment faire des montages dans lesquels ils sont avec des autorités ecclésiastiques bien connues et influentes. C’est pour se donner une crédibilité aux yeux du fidèle lambda.
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- Ne transférez pas d’argent à un numéro d’un prêtre si vous ne le connaissez pas, si vous n’avez vraiment pas la certitude que c’est un prêtre, avec une paroisse, un diocèse, un numéro de téléphone, un de vos amis prêtres qui prouve que ce dernier est vraiment un prêtre.
- 11-Il est facile d’utiliser la photo d’un prêtre, utilisez son nom, créer un compte Facebook et transférer les publications du mur d’un vrai prêtre vers ce faux compte. Mais à partir du moment où le prêtre commence à vous demander de l’argent, prenez vos distances pour mener vos propres enquêtes. Quand il vous demande des offrandes et dîmes personnalisées, prenez vos distances et menez les enquêtes.
Quand on vous contacte en inbox pour des confessions prenez vos distances et aussi lorsque le prêtre célèbre l’eucharistie de maison en maison, de famille en famille, lorsqu’il organise une pastorale privée chez vous, faites attention, saisissez le curé de votre paroisse ou des amis prêtres.
Que retenir ? - Retenez que les réseaux sociaux constituent aujourd’hui un nouveau monde, un espace qui regroupe les hommes de toutes générations. L’Église est obligée d’être là pour enseigner, évangéliser et annoncer le salut. Les paroisses physiques et matérielles s’invitent aujourd’hui sur les réseaux sociaux avec une nouvelle forme d’Église, d’ecclésialité et même un nouveau type d’œcuménisme d’où le titre d’une de mes recherches en ecclésiologie : « De l’œcuménisme numérique à l’Église numérique ».
- La présence des prêtres sur les réseaux sociaux dérange ceux qui ont voulu utiliser cet espace pour manipuler la foi des chrétiens catholiques. Du coup beaucoup d’entre eux piratent les comptes des prêtres, créent des faux profils avec l’image des prêtres pour décrédibiliser leur message. C’est le combat doctrinal des premiers siècles qui revient mais cette fois, sur la toile. Dans cette nouvelle forme d’évangélisation, l’on décourage, menace, pour faire reculer beaucoup de ministres ordonnés parce qu’il y a la question de la maîtrise des outils des Tics.
- Par ailleurs, il y a ceux qui trouvent dans la figure des prêtres, une occasion pour s’enrichir. Dans une discussion que j’ai eu avec des arnaqueurs qui avaient piraté le compte d’un chrétien il y a trois ans, ce qui ressortait de nos échanges qui ont duré un mois, c’est qu’ils ont pensé que le fidèle était un prêtre parce qu’avoir un prêtre dans leur filet est synonyme de richesse. Quand ils ont un prêtre, ils découvrent son réseau d’amis et ils peuvent faire des montages, harceler, faire du chantage pour que sa paroisse ou son évêque transfère des fonds. C’est un réseau qui part de l’Afrique en Occident.
- Que faire ?
-J’invite les confrères prêtres sur les paroisses à créer des cellules d’informaticiens qui géreront leur communication sur les réseaux sociaux.
-Au niveau diocésain, il faut confier des tâches à des groupes de laïcs compétents en TIC pour gérer l’évangélisation et la visibilité sur les réseaux sociaux.
-Que les évêques créent des espaces de formation des prêtres dans la manipulation des paramètres des réseaux sociaux. - -Les policiers et les militaires catholiques ainsi que les juristes doivent apporter leur expertise aux paroisses et diocèses concernant la présence des pasteurs sur la toile.
-Les évêques dans les diocèses en Afrique peuvent créer une quête nationale pour soutenir les cellules des informaticiens catholiques parce que ce combat exige des moyens. Il faut engager et rémunérer les jeunes informaticiens catholiques et leur fournir du matériel. - Nous ne devons pas fuir les réseaux sociaux. Nous devons être là, pour annoncer Jésus Christ parce que quand il dit en Mat 28,19 : « Allez partout », cet envoi concerne aussi les réseau sociaux. N’ayons pas peur, il faut qu’on crée la peur chez ceux qui nous attaquent.
- Nous avons les compétences, nous avons des laïcs compétents, il suffit que les autorités ecclésiastiques africaines fassent de l’évangélisation sur la toile une des priorités dans leur pastorale et nous gagnerons.
