Pour ceux qui le connaissent, Laurent Gbagbo n’est pas le genre de politicien à se laisser guider. C’est une personnalité politique qui, depuis de nombreuses années, dans une réalité déconcertante a toujours su conduire les questions politiciennes avec une bonne dose de valeurs morales humaines sociales et les règles qui régissent les sciences politiques. Opposant historique à Félix Houphouet Boigny, le fils de Koudou Paul reste foncièrement un homme de conviction. Cet article n’est pas l’occasion de dresser les faits d’armes de cet esthète en matière de gestion de la cité. Même s’il avait des conseillers en communication qui pouvaient intervenir sur des aspects techniques, les décisions politiques, il les prenait selon son ressenti.
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A 73 ans, c’est un homme racé, à qui nul ne saurait et ne pourrait dicter une quelconque conduite à tenir
Au fort de la crise ivoirienne en 2011, il aurait pu abandonner le navire ivoire, mais jusqu’au péril de sa vie, il a tenu sous les bombes françaises, ne laissant le plaisir à quiconque de l’accuser d’une quelconque traîtrise, du lâche qui abandonne son peuple. Koudou Laurent Gbagbo a du mérite. Quelques raisons qui font de lui, à ce jour l’un des personnages politiques, sinon le personnage politique ivoirien le plus aimé tant en Côte d’Ivoire qu’en Afrique. Il a des valeurs à revendre et sait les défendre. Ayant sacrifié sa vie sur l’autel de la démocratisation de la nation ivoirienne, il en a tant payé le prix. Que de séjours dans l’univers carcéral. A 73 ans, c’est un homme racé, à qui nul ne saurait et ne pourrait dicter une quelconque conduite à tenir. C’est lui qui decide. Et pour l’occasion, à la faveur du rendez-vous manqué entre lui et Affi N’guessan, il donne une véritable leçon de réalisme politique, et une leçon de démocratie à l’Etat de Côte d’Ivoire. De par le communiqué qu’il a produit ce jour, tout est dit.
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Affi N’guessan a voulu le prendre de cours, il est resté droit dans ses bottes
Selon le communiqué d’Affi N’guessan, c’est par le canal de l’un des amis de Laurent Gbagbo que celui-ci a accepté de le recevoir à Bruxelles. Affi N’guessan avait-il eu tous les contours de cette rencontre avant de se répandre dans la presse ? En voulant faire dans le sensationnel, ( l’annonce de son voyage à la presse) , il a commis une grave erreur. Il a voulu par cette attitude endormir son hôte oubliant d’évacuer de gros contentieux nés de huit bonnes années de crise. En politicien averti, il aurait dû savoir que par rapport à de tels rendez-vous, le plus gros se joue au niveau du préalable. Lui et ses conseillers n’ont pas pris soin d’en savoir davantage et se sont précipités dans la presse avec l’épithète la plus joliment choisie : »Je vais voir mon patron en Belgique ».
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« Le président Laurent Gbagbo lui a fait savoir qu’il est tout a fait disposé à le recevoir »
Laurent Gbagbo n’est pas le genre de personnes à se laisser avoir par les émotions et à se laisser attendrir par des termes oh, combien flatteurs. Affi N’guessan l’apprendra à ses dépens lorsque Laurent Gbagbo droit dans ses bottes réplique dans un communiqué par la voix de Assoa Adou : »Le Président Laurent Gbagbo lui a alors fait savoir qu’il serait tout à fait disposé à le recevoir, mais qu’il avait néanmoins des préoccupations qui nécessitaient de la part de Monsieur Pascal AFFI N’GUESSAN un éclaircissement préalable et public. En effet, le Président Laurent Gbagbo a rappelé à Monsieur Pascal AFFI N’GUESSAN que toute sa vie, il s’est battu pour la souveraineté, la démocratie et le multipartisme en Côte d’Ivoire ». Cela veut tout dire. A Affi d’apprécier.
La leçon de démocratie de Laurent Gbagbo à l’Etat ivoirien
Celle-ci tient en quelques mots, la non ingérence de l’Etat dans les affaires des partis. Les impairs sont nombreux. Sous la gouvernance du président Alassane Ouattara, inutile d’énumérer que tout est foulé aux pieds. Chose tout à fait normal quand on sait que la loi fondamentale qui régit la vie d’une nation a été violée pour qu’il soit au pouvoir. N’empêche, dans sa sortie de ce jour, Laurent Gbagbo a tenu à donner de la voix en administrant cette belle leçon de démocratie à l’Etat ivoirien : »…Dès lors, il ne saurait accepter aucun recul sur l’acquis du multipartisme en Côte d’Ivoire qui se manifesterait par la manipulation et l’ingérence de l’État dans la vie du parti.
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Le multipartisme a perdu tout son sens au point où avec la création du RHDP, L’ON voudrait revenir au parti unique
Le Président Laurent GBAGBO a indiqué à Monsieur Pascal AFFI N’GUESSAN qu’il entendait mettre fin à l’ingérence de l’État dans le fonctionnement du FPI… ». Aussi simple que ça. Combien de partis de l’opposition ivoirienne sont-ils embastillés par le pouvoir en place. L’expression plurielle, le multipartisme a perdu tout son sens au point où avec la création du RDHP, l’on voudrait revenir au parti unique. Quel recul pour un combat durement et âprement mené durant de longues années. Laurent Gbagbo n’a pas encore à parler surtout que la CPI le lui interdit, mais le jour où il commencera à le faire, beaucoup de politiciens ivoiriens devront avoir l’honnêteté de réviser leurs leçons.