Nazaire Kadia fait une analyse du retour d’Amon-Tanoh, Soro Kanigui, Soro Alphonse… ces opposants ivoiriens au RHDP.
Ça y est ! Comme projeté, M. Marcel Amon Tanoh est allé à Canossa. A l’image d’Henri IV (1050-1106), l’empereur allemand, obligé de rester les deux pieds dans la neige pendant trois jours avant d’être reçu à Canossa, par le pape Grégoire VII, et de s’agenouiller devant ce dernier dans une posture d’abdication, Marcel Amon Tanoh, s’est lui aussi fendu d’une déclaration de reniement et de regret, pour les propos tenus à l’encontre du chef de l’Etat le 10 octobre 2020 au Stade Félix Houphouët-Boigny. Mais à quoi pouvait-on s’attendre ?
Né une cuillère d’or à la bouche, habitué aux ors et aux lambris dorés qu’offre le sillage du pouvoir, l’homme n’est resté dans l’opposition que moins de quatre (4) mois. L’inconfort du voyage dans le train de l’opposition, l’incertitude de ce que demain sera fait, et les difficultés liées au quotidien des opposants ont très vite eu raison de lui. C’est dire que la culture de l’opposition s’acquiert dans l’adversité, au fil des obstacles franchis, au fil des privations endurées, et de l’humiliation qui est souvent le quotidien des opposants.
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L’homme qui de sa vie, n’a jamais eu à endurer de telles épreuves, a rapidement capitulé et s’est aplati devant son ex-nouveau patron pour faire son mea culpa. Cet opposant de la 25ème heure avait pensé que l’opposition ivoirienne allait réussir à donner une trajectoire nouvelle à la marche politique de notre pays. Il s’est empressé de rejoindre celle-ci afin d’inscrire son nom au panthéon de l’histoire nouvelle qui s’écrirait. Cela se comprend aisément.
L’homme était certes dans le sillage du pouvoir depuis des années, avait un niveau de vie enviable, mais était confiné à jouer les seconds rôles et dans un anonymat qui ne pouvait plus satisfaire son égo. Comme l’a démontré Abraham Maslow dans sa stratification des besoins, la satisfaction d’un besoin, fait reconnaître un autre d’ordre supérieur.
Ce qui manquait à Marcel Amon Tanoh, et qui est désormais son besoin nouveau, est la reconnaissance du rôle qu’il devait jouer dans le champ politique ivoirien à l’effet que l’histoire retienne son nom. Malheureusement pour lui, l’odyssée avec l’opposition a tourné court et l’objectif n’a pas été atteint. Comme l’enfant prodigue, il retourne vers « son père », pour implorer son pardon et regagner ainsi la maison familiale.
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Mais désormais qui lui fera confiance ? C’est un secret de polichinelle que de dire que l’ambition politique de cet opposant de la 25ème heure est à son terminus. Ailleurs, et dans une démarche semblable, plusieurs lieutenants de M. Soro Guillaume, certainement fatigués de vivre dans une disette à laquelle ils n’étaient pas habitués, ont lâché celui-ci pour eux aussi aller à Canossa.
Ces lieutenants de M. Soro Guillaume, étaient de ceux qui avaient mis le nord du pays en coupe-réglée et vivaient des fruits de trafics de tous genre dans cette partie du pays de 2002 à 2011. Par la force des choses, ils se sont découvert une âme d’opposants sans en avoir la culture et l’endurance.
Ainsi, de Soro Kanigui à Soro Alphonse, chacun de ces opposants de la 25ème heure, y va de ses explications et de ses justifications de la nouvelle posture adoptée, à laquelle personne ne croit. Désormais ils n’auront ni la confiance de l’opposition ni celle du RHDP ; car qui a trahi une fois, trahira deux fois.
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Mais contrairement aux ouvriers de la 25ème heure, qui ont reçu la même rétribution que ceux de la première heure, les opposants de la 25ème heure, n’auront que mépris, railleries et méfiance partout où ils iront. Ainsi va le pays…Mais il y a certes eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.