Avec son nouvel album intitulé »Bienvenue », Smarty déboule sur la scène avec la richesse linguistique que l’on lui connait. Écorché vif ? Smarty se lâche. Exclusif.
Smarty, »bienvenue », c’est ta toute première signature chez un label Français. Comment tu y es arrivé ?
J’avais déjà une vision de ce que je voulais pour ma carrière. Et donc par la force des choses, et surtout lorsque tu as la chance de côtoyer des grands frères comme Tiken Jah Fakoly, Magic System, c’est clair qu’au vu de leurs conseils, tu te donnes les moyens de pouvoir atteindre tes objectifs. Une chose pour moi n’est pas d’avoir signé, mais de pouvoir surtout impacter l’industrie musicale Française. Il faut que j’arrive à m’imposer d’autant plus que le temps presse parce que plus on avance, plus on a envie d’accomplir certaines choses.
A travers l’album »bienvenue », tu croques des termes inhérents à l’immigration et bien de maux avec suvent des mots très crus. Smarty, un écorché vif ? Quelqu’un qui en veut à la société ?
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Écorché vif, non, une personne qui en veut à la société, non plus. Je suis juste dans mon rôle d’artiste qui a sa vision sur le monde qui l’entoure. J’essaie de décrire et de peindre tout cela en chansons au nom des personnes qui n’ont pas cette possibilité. Au delà de mon statut d’artiste, je suis aussi citoyen du monde. En toute humilité, je porte mon regard tout en dénonçant certains faits. Mais ma musique n’est pas uniquement que dénonciatrice, elle est aussi joie et festive. Je vis toutes ces situations en toute lucidité.
S’il ya quelque chose qui saute tout de suite dans tes compositions, c’est la qualité d’écriture. D’où tiens-tu toute cette richesse tant dans l’écriture que dans le langage ?
Pour l’inspiration, je ne cesserai jamais de remercier Dieu. Je n’ai pas eu un long cursus scolaire. J’ai arrêté pratiquement en classe de sixième, mais je me suis toujours intéressé à la lecture, l’oralité. Je suis beaucoup l’actualité et j’aime surtout côtoyer les personnes qui jouent avec les mots. Tout cela m’a influencé lorsque j’ai décidé de me lancer dans le rap. L’agencement, les combinaisons verbales afin de toucher les sensibilités, je dirais que cela relève du divin.
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Une publication sur ta page facebook fait mention de ton enfance. Et ce voyage à la découverte de ton pays. Où es-tu né du coup ? Dans quelles conditions as-tu grandi ?
Je suis né en Côte d’Ivoire précisément à Dimbokro. J’ai grandi entre Dimbokro, Bouaké et Abidjan. Mes parents vivent toujours en Côte d’Ivoire. J’y ai fait toutes mes études primaires. C’est quand il s’est agi des études secondaires que je suis arrivé au Burkina. Mais je reste profondément attaché aux deux pays, la Côte d’Ivoire et le Burkina vu que mon père est d’origine Burkinabé et ma mère, ivoirienne.
Le Burkina a un fort potentiel artistique qui a la chance de se produire sur des scènes de festivals. Avec l’élan que prend ta carrière, à quel niveau te vois-tu dans deux à trois ans ?
Dans deux à trois ans, c’est de pouvoir impacter le monde professionnel musical européen. Au niveau du Burkina, j’aimerais aussi marquer les esprits, même si beaucoup de choses ont été faites par les devanciers, nous sommes tous conscients que lorsqu’on parle du Burkina, c’est plus par rapport au cinéma. Il ya certes beaucoup de talents musicaux au Burkina, mais l’impact n’est pas véritablement ressenti. Voilà la dynamique dans laquelle je m’engage. Glaner des disques d’or, des disques de platine, être sur des scènes de festivals. Voilà les objectifs que nous affichons. Si cela peut rejaillir sur la sphère musicale Burkinabé, c’est le but du jeu. Et c’est cela le défi à relever.
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Quelle place te donnes-tu au niveau de la musique Burkinabé ?
C’est difficile en tant qu’artiste de s’arroger une quelconque place. Le public est mieux placé pour cela. Après, je ne suis pas dans cette logique du tel est meilleur qu’un tel. Je ne suis en compétition avec personne. J’essaie de bâtir ma carrière tout en restant concentré sur la qualité et mon potentiel. En musique, tout est aléatoire. Un projet musical peut être vu comme nul par les professionnels et se voir plébisciter par le public et vice versa. La musique n’est pas une science exacte comme les mathématiques.
Un talent énorme, mais toujours de petits freins, penses-tu que cette fois-ci, c’est la bonne ? Que tu iras de succès en succès sans un ralentissement quelconque ?
Vous touchez du doigt un sujet assez pertinent. C’est vrai qu’il ya eu beaucoup de coups de freins. Toutes ces choses restent surtout difficiles à vivre, même si elles m’ont redonné de l’énergie. J’ose espérer que cette fois-ci sera la bonne. Je prie que tout cela s’arrête. Au stade où je suis arrivé, on a juste envie d’aller de l’avant.
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Qu’est ce que le prix RFI t’a rapporté concrètement dans ta carrière musicale ?
Le prix RFI est pour beaucoup dans tout ce que je vis aujourd’hui. C’est grâce à cette radio que j’ai rencontré pas mal de producteurs et d’éditeurs avant d’en arriver là où j’en suis. Le prix ne se limite pas qu’à un prix. Il ya toute une mobilisation autour de vous. Ces personnes prêtent à vous conseiller, à vous coacher, à vous orienter, à prendre de vos nouvelles et tout. Même si tout cela ne suffit pas d’autant plus qu’en tant qu’artiste, il faut afficher de la volonté, de l’engagement. Personnellement, j’ai pris plaisir à participer à ce concours, même si je n’aime pas l’esprit de compétition. J’invite tout un chacun à tenter sa chance. Ceux qui y ont participé au même titre que moi n’ont pas démérité. Parmi les personnes avec lesquelles j’ai été en compétition, nous sommes restés en contact. Ce qui doit prédominer, c’est la valeur artistique et ça l’équipe du prix »Découvertes RFI » sait bien s’y prendre.
Le 19 octobre, tu seras sur scène à Paris. Comment appréhendes-tu un tel événement ?
Avec beaucoup de positivité. J’ai la chance de me faire accompagner à »la machine du moulin rouge » de me faire accompagner de mon toute mon équipe. Je devais être en septembre en France, mais on veut tellement donner le meilleur de nous mêmes que je suis encore au Burkina en train de répéter avec mon orchestre. C’est le rendez vous certes des mélomanes, mais aussi celui des professionnels de la musique. Nous partons représenter l’Afrique et le Burkina. Il faut donc bien se préparer pour le faire de fort belle manière. Pour moi, il n’y a jamais eu de petits spectacles. J’ai toujours cette soif de donner plus.
Pour terminer, un message à l’Afrique, ses dirigeants politiques, ses leaders artistiques…à la Smarty avec cette touche qui t’est singulière
Nul n’est parfait. Tout pouvoir est un don de Dieu. Ce que je souhaite, c’est que ces leaders soient inspirés et puissent au mieux guider leurs peuples, pas en tant que Chefs d’Etats, mais en tant que leaders, le temps de l’exercice du pouvoir que Dieu leur aura accordé. Qu’ils soient animés de la sagesse divine afin que leurs peuples soient épanouis et ne manquent de rien afin de ne pas avoir envie d’aller voir ailleurs. Aux leaders artistiques comme le groupe Magic System dont les membres restent des modèles pour moi, qu’ils continuent sur leur lancée, celle d’impacter socialement positivement leurs générations à travers bien d’actions qui sont à saluer.