Danièle Darlan, la première femme à la tête de la Cour constitutionnelle en Centrafrique de 2017 à 2022, est primée « Femme de Courage » 2023 à Washington.
Surnommée la “Dame de fer” de Bangui, le Département d’Etat américain fait honneur à Danièle Darlan à Washington. C’est au rang des Premières Dames qu’elle est installée à l’occasion de la cérémonie de remise des prix « Femme de Courage » qui s’est déroulée à la Maison Blanche.
Le 8 mars 2023, c’est aux côtés de Gill Biden, l’épouse du président américain Joe Biden et du secrétaire d’Etat Antony Blinken que l’avocate centrafricaine, née en 1952, va recevoir son trophée.
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Danièle Darlan forge l’admiration depuis quelques années. Forcée à la retraite en octobre par décret présidentiel en tant qu’universitaire, la Juge a également été démise de ses fonctions deux semaines après par le président Faustin Archange Touadera. C’était environ un mois après que la Cour Constitutionnelle a invalidé un décret créant un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution; une affaire qui a retenti au-delà du pays.
Juriste de formation, Danièle Darlan, elle a, à son actif, la lutte émancipatrice pour aider les femmes victimes de violences sexuelles et encourager leur participation à la construction de la paix et de la réconciliation en République centrafricaine.
C’est surtout pour sa défense de la Constitution de son pays, son héroïsme dans la sauvegarde de l’indépendance judiciaire et son refus de se laisser influencer par des menaces ou des pressions politiques que le prix lui a été décerné, selon le communiqué du département d’État américain.
En octobre 2022, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra a mis fin aux fonctions de celle qui avait rappelé l’impossibilité de réformer la Constitution dans le but de réaliser un troisième mandat.
Messe de requiem de la démocratie
Motif de cette révocation : à 72 ans, la présidente de la Cour a atteint l’âge de la retraite dans l’Education nationale dont elle est issue puisqu’elle était professeure d’université avant de rejoindre la Cour.
Pourtant, les membres de la Cour sont irrévocables avant la fin de leur mandat. Une décision qui semble donc confirmer le « coup d’Etat constitutionnel” redouté depuis la décision de la Cour qui s’était opposée à la réforme voulue par le président Félix-Archange Touadéra.
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Pour l’opposition, c’est la messe de requiem de la démocratie dans le pays. « L’acte posé par le président de la République démontre bien que nous sommes dans une République bananière. C’est un acte de haute trahison car les dispositions de la Constitution sont claires, notamment l’article 102 de la loi fondamentale de notre pays qui stipule que les membres de la Cour Constitutionnelle sont inamovibles. Ils sont élus pour sept ans et durant tout leur mandat, aucune autorité n’a le pouvoir de destituer un membre de la Cour constitutionnelle. Le chef de l’Etat a non seulement violé les dispositions de la loi fondamentale mais en termes clairs, les dispositions de son serment parce que c’est devant cette cour qu’il a prêté serment » s’insuge Ferdinand Alexandre Nguendet.