Découvrez le témoignage des victimes du génocide à Duékoué lors de la crise 2010-2011, au 2ème jour du procès Amadé Ouérémi.
Auparavant, les présumés victimes collatérales de ces tueries qui ont témoigné successivement à la barre, ont incriminé unanimement Amadé Ouérémi et ses hommes d’être les responsables de ce massacre.
Un jeune instituteur, élève en classe de terminale à l’époque des faits, avec toute sa passion juvénile et les souvenirs douloureux des événements des trois jours sombres à la fin du mois de mars 2011, vient expliquer dans le menu détail, les faits vécus. « Avant le mois mars 2011, il y a eu d’autres faits. Amadé Ouremi est connu dans la région. Quand on vous dit « fuyez, les hommes de Amadé Ouremi arrivent », vous ne pouvez pas rester… » commence-t-il. « Sincèrement, Monsieur le Président, les jeunes de Duekoué avait monté des barrages d’auto-défense, mais sans armes, pour protéger les quartiers contre les attaques des hommes de Amadé Ouremi. ». Et là, l’accusé montre qu’il en sait beaucoup et s’étale: « Les jeunes avaient placé des barrages partout. On ne peut aller devant. On ne peut aller derrière. Ils disaient aussi qu’ils allaient transformer Duekoué en cendres. Nous sommes sommes sortis pour protéger les populations. Je n’étais pas seul. C’est sous le commandement de Losseni Fofana et ses éléments »
« Ceux qui ont tiré sur moi étaient des civils. J’ai appris après que ce sont les hommes de Amadé Ouéremi qui ont tiré ce jour-là », a accusé à la barre, Bémoin Adeline, une jeune dame de 35 ans qui a perdu ses deux jambes pendant cette attaque.
Après elle, Gbohouo Bruno qui dit avoir perdu son petit-frère Jean lors de ces attaques de Duékoué, a imputé la mort de ce dernier à Amadé Ouéremi et ses hommes.
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« J’étais avec mon petit-frère et des hommes en armes sont venus dans un véhicule et l’ont enlevé et sont allés le tuer. Quand je suis allé les voir pour récupérer son corps, ils m’ont demandé de payer 10 000 FCFA », a expliqué M. Gbohouo.
Selon lui, cette attaque du quartier carrefour de Duékoué était le fait de Ouéremi et ses hommes. « Je compte me constituer partie civile. L’homme n’a pas de prix, mais au titre des réparations, je réclame la somme de 10 millions FCFA», a dit M. Gbohouo au Tribunal.
Quant à Yayé Edgar, un autre témoin de ces massacres qui dit avoir perdu son grand-frère mort calciné dans l’incendie de sa maison, il a accusé M. Ouérémi et sa troupe. « Je suis sûr et certain que cette attaque a été perpétrée par Amadé et ses hommes. Il avait des hommes sous son commandement», a soutenu M. Yayé réclamant à son tour, la somme de 6 millions FCFA en guise de réparations des dommages.
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De son côté, Yohou Julien, un jeune homme d’une trentaine d’années, qui dit être adjoint administratif, a imputé la responsabilité de ce massacre à Amadé Ouérémi. Il a dit lui-aussi son intention de se constituer partie civile et réclame la somme de 2 millions FCFA à titre de dommages et intérêts.
En retour, M. Ouérémi a botté d’abord en touche toutes ces accusations portées contre lui et ses hommes avant de se dédire sous la pression des questions du juge Bini Charles. Quatre-vingt-deux témoins ont été annoncés pour ce procès contre M. Ouérémi.
Mais pour l’heure, c’est une dizaine qui est présente pour son témoignage. Les tueries de Duékoué survenues pendant la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 ont fait plus de 800 morts selon des organisations humanitaires.
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Agé de 57 ans et de nationalité burkinabè, l’ex-chef de milice Amadé Ouérémi qui était considéré comme un supplétif des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), a occupé pendant plusieurs années la forêt classée du Mont Péko dans l’ouest ivoirien. Il a été arrêté depuis mai 2013 par l’armée ivoirienne.