La FIFA ne veut pas d’une élection véritable pour la présidence de la CAF. Jacques Anouma va-t-il maintenir sa candidature ?
« Démocratie consensuelle ». Voilà ce que la FIFA veut imposer à la CAF. Elle ne veut pas d’une élection véritable pour la présidence de la Confédération africaine de football. Tout le monde s’entend sur le projet final, on désigne le vainqueur avant le début du match puis on organise un semblant d’élection pour les caméras de télévision… La FIFA a sa feuille de route, elle l’a imposée ou presque aux candidats et l’Afrique. L’hésitation ou la mauvaise humeur en Côte d’Ivoire, perturbe les certitudes. On ne déplace pas facilement un Éléphant…
Dernière rencontre de cadrage à Nouakchott, en Mauritanie, ce jeudi 4 mars 2021, entre les candidats à la présidence de la CAF. À l’ordre du jour, les propositions de la FIFA qui valent instructions ou presque. Trois des quatre candidats ont déjà validé le protocole de Rabat. L’Afrique du Sud, le Sénégal et la Mauritanie ne sont pas fait prier deux fois. La réponse de la Côte d’Ivoire est attendue. Jacques Anouma, continue de réfléchir à la suite à donner, il attend de rencontrer le président de la République. Alassane Ouattara en visite en France, revient au pays ce jeudi 4 mars 2021. Jacques Anouma est lui, en déplacement à Ouagadougou. Il ne sera pas présent à Nouakchott. Il s’est fait représenter.
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« La violée adore le violeur »
Le protocole de Rabat établit les cartes à la CAF. Le président de la Confédération est connu, c’est le Sud-Africain, Patrice Motsepe et les autres concurrents s’alignent derrière lui. Aucun président de fédération en Afrique, ne lève le petit doigt ou ne donne de la voix. Chacun évite de provoquer l’ogre. Les réactions les plus virulentes viennent surtout de la presse et des observateurs. Les concernés eux-mêmes sont muets. Un peu comme l’histoire de la personne violée qui adore le violeur. Pendant que la société se braque.
Jacques Anouma, l’espoir des panafricanistes
En Afrique, une grande partie de l’opinion pousse le candidat de la Côte d’Ivoire à résister et à aller jusqu’au bout. Maintenir sa candidature et aller aux élections le 12 mars 2021 à Rabat. Il serait ainsi, seul contre les autres candidats, seul contre la FIFA, seul contre l’ordre établi. Porteur du rêve africain. L’ancien président de la fédération ivoirienne de football, ancien membre du comité exécutif de la FIFA poursuit la réflexion. Tout ne dépend pas de lui. Mais la principale décision lui revient, en son âme et conscience. Avec cette question lancinante en esprit: « Que gagne la Côte d’Ivoire »?
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Trois tableaux…
Choix cornélien pour l’Ivoirien. Trois tableaux devant lui. Le premier, il accepte comme tous les autres candidats, de s’aligner sur le protocole de Rabat. Champ libre au Sud-africain Patrice Motsepe, l’honneur est sauf, la FIFA obtient exactement ce qu’elle veut, toute l’Afrique s’aplatit devant l’instance internationale. La télécommande est définitivement installée à Zurich.
Que gagne la Côte d’Ivoire dans cette option? Peut-être la paix. La FIFA ne la prendra plus en grippe. Le pays ne sera plus l’empêcheur de tourner en rond. Jacques Anouma, à titre personnel, gardera un pied à la CAF et dans le monde du football.
Le deuxième tableau: Jacques Anouma refuse le protocole de Rabat et décide de poursuivre la bataille électorale. Il dresse la machine de la FIFA contre lui. Elle a déjà commencé son travail de laminage. Pressions énormes sur le candidat lui-même et ses soutiens. Le comité d’éthique de la FIFA lui a ainsi adressé une demande d’explication sur les supposés fonds mis à sa disposition par l’Etat de la Côte d’Ivoire. Il y a répondu. La Côte d’Ivoire a passé un message fort à la FIFA sur le sujet sur ce qui s’apparente à un manque de respect à l’Etat ivoirien.
Au premier coup de semonce, certains soutiens de l’Ivoirien ont vite quitté le bateau. D’autres, sous investigations de la FIFA pour une raison ou une autre, n’osent pas s’exposer davantage. Le jeu d’intérêt.
En Afrique, tout le monde est courageux. Très peu sont téméraires. En Côte d’Ivoire même, la normalisation est un produit de la FIFA. La solidarité s’est effritée depuis bien longtemps.
Toutefois, dans les cercles restreints, certains dirigeants sportifs et décideurs ivoiriens souhaitent que la Côte d’Ivoire ne recule pas. « Jacques Anouma maintient sa candidature jusqu’à Rabat. Il fait le point de ses soutiens et oblige la FIFA à abattre toutes ses cartes. On avisera plus tard. »
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Troisième et dernier tableau, le candidat ivoirien se retire tout simplement de la course. Pour éviter de cautionner les petits arrangements de la FIFA et de CAF. Gardant ainsi intacte, son image d’intégrité et de probité construite depuis des décennies dans le milieu du football en Afrique et dans le monde.
De la lucidité…
Jacques Anouma est devant son miroir. Dans le rétroviseur, toute sa passion et la vie consacrée au football, le futur de la CAF. Il doit décider en toute indépendance et sans émotions. Quelle que soit la décision, que gagne la Côte d’Ivoire? « Hélas très peu. Donc, la réponse froide, lucide mais courageuse ne me semble plus difficile si on veut préserver pour soi et son pays l’essentiel : la dignité ». Réponse d’un observateur sportif.