Un homme sage-femme a été condamné le 26 février 2021, à 12 ans de prison pour 11 viols sur des patientes.
L’avocat général avait requis 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale dans ce cas.
« Sous couvert de familiarité, de tutoiement, cet homme a manqué à la parole qu’il devait à ses patientes. Il en a fait des victimes, enfermées dans leur culpabilité. Il n’a pas hésité à profiter des femmes vulnérables, enceintes ou en plein baby blues venues consulter pour ça », avait dénoncé Albert Cantinol. « Vous avez dit +Je les adorais toutes+. Mais c’est ça le problème, qu’est-ce que vous adoriez monsieur? », s’était énervé le magistrat.
Jugé depuis mercredi pour « viols commis par une personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction », Lionel Charvin, 49 ans, était accusé d’avoir imposé à des patientes entre 2013 et 2016 des gestes de nature sexuelle –notamment des « massages » du clitoris, du périnée et des seins et des pénétrations digitales du vagin– sous couvert de gestes médicaux pendant la préparation à l’accouchement ou le suivi post-natal.
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« Lionel Charvin serait-il jugé s’il avait été une femme ? En tant qu’homme sage-femme, avait-il moins de droits qu’une femme sage-femme ? », s’est pour sa part interrogé en défense Me Maryse Pechevis. « Depuis 2001, a-t-elle plaidé, il a eu à gérer les grossesses et les accouchements de 2.500 femmes. Pour lui, le sexuel relève d’un organe, au même titre que la vessie. Il ne voit pas les choses autrement. Son seul objectif a été de vouloir reconstruire ces femmes et leur bien-être », a-t-elle affirmé.
« Je suis abasourdi et je n’arrive plus à parler. Et je tiens à nouveau à m’excuser auprès de mes patientes », a déclaré l’accusé avant que la cour – composée de cinq magistrats professionnels – ne se retire pour délibérer.
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Plusieurs patientes ont dit avoir été « tétanisées » ou « paralysées » lors des viols et n’avoir rien osé dire dans un premier temps tout en subissant des conséquences psychologiques à long terme. Toutes ont évoqué une « confiance » trahie alors qu’elles se trouvaient dans une période de grande vulnérabilité.
Lors de l’interrogatoire sur le fond vendredi, l’accusé a répondu aux questions du président et des avocats avec ambiguïté: « J’ai bien entendu les souffrances des patientes et j’en suis désolé. J’ai une part de responsabilité dans cette souffrance mais à aucun moment, ça a été intentionnel de ma part. J’adorais ces patientes ».
Un psychiatre a décrit comme « un agresseur d’opportunité qui agit par le détournement de la confiance placée en lui » cet homme dont l’enfance a été marquée par la violence et l’alcoolisme de son père et plusieurs incestes. L’expert a qualifié sa personnalité de « perverse ».
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Le maïeuticien, père de trois enfants, pratiquait l’activité professionnelle de sage-femme doublée d’une spécialité en haptonomie, en libéral dans un cabinet montpelliérain, et en tant que salarié au sein de la clinique St Roch à Montpellier jusqu’en 2016.
Entendue comme experte, la gynécologue et haptonome Denise Bouchut a rappelé mercredi les bases de cette pratique: « en haptonomie, la patiente n’est jamais nue, on ne touche jamais les seins, on ne fait pas de massage, on n’insère pas les doigts dans le vagin de la patiente », et la présence du père est indispensable, a-t-elle énuméré.