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vendredi, novembre 22, 2024
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    Mamadou Traoré, proche de Soro: comment il a échappé à un assassinat programmé par un chef de guerre

    La rébellion ivoirienne continue de livrer des secrets. Mamadou Traoré, proche de Soro raconte comment il a échappé à un assassinat.

    Chers tous. J’avais promis revenir sur cet épisode de ma vie où un chef de guerre avait donné ordre de m’abattre comme un chien. L’affaire s’est passée en Novembre 2004, suite aux bombardements de l’ex zone CNO par les MI 24 et les avions Sukoy lancés par Laurent Gbagbo pour défaire les Forces Nouvelles. Ce jour là, j’étais en train d’accompagner à Korhogo, une ONG belge ,basée au Mali, qui était venue me rencontrer à Boundiali dans le cadre de son appui au sauvetage de l’école que mes compagnons et moi avions engagé.

    Chemin faisant, je reçois un coup de fil d’un ami journaliste, basé à Abidjan, qui m’informe que nous sommes attaqués par les avions de Guerre de Gbagbo et que ces avions se dirigeraient vers Korhogo après avoir attaqué Bouaké. Gardant mon calme légendaire, je n’ai pas voulu informer mes invités maliens pour ne pas qu’ils paniquent. Aussitôt arrivé à Korhogo, je me dirige avec eux à la préfecture de Korhogo où le comzone Diarrassouba avait pris ses quartiers.

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    J’y trouve Alphonse Soro et Kanigui Soro qui avaient déjà eu l’information et qui étaient en train de la gérer. Pour ne pas prendre de risques, surtout que nous étions informés que Korhogo serait bientôt attaqué, j’ai demandé à mes amis maliens de faire demi-tour et de rentrer au Mali en passant par Tengrela au lieu de Ouangolo.

    Nous avons donc pris le chemin de Boundiali. Arrivé en ville, je leur ai donné le contact de Amdalah, le chef de guerre que j’avais installé sur instructions du CO Touré Moussa. Je leur ai dit qu’il était mon bon petit et qu’à l’évocation de mon nom, il les accompagnerait à la frontière du Mali. Je leur ai même remis un mot pour Amdalah puisque la communication téléphonique cellulaire venait d’être interrompue dans toute la zone.

    Et, en toute confiance, vu les rapports qui existaient entre Amdalah et moi, je les ai laissé partir vers Tengrela. Deux jours après, je reçois à mon domicile deux jeunes compagnons de lutte, membres de la Centrale de Tengrela, qui sont passés me saluer. Et j’ai demandé après mes amis maliens. C’est en ce moment qu’ils m’informent qu’Amdalah les avait arrêtés, les ayant traité d’infiltrés de Gbagbo et qu’il aurait arraché leur véhicule 4×4. Aussitôt informé, je fonce sur Korhogo pour aller informer le commandant Diarrassouba de l’attitude d’Amdalah vis à vis de mes invités maliens. Le commandant d’informer aussitôt l’état major des FAFN.

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    A mon tour, j’informe par radio Togba Mamadou, le Dir-Cab adjoint du Secrétaire Général des Forces Nouvelles, Guillaume Soro, de ce qui est arrivé à mes invités maliens. Instruction est donnée aussitôt à Amdalah de libérer ses prisonniers et de rendre le véhicule qu’il leur a arraché. Sachant que c’est moi qui l’avait dénoncé, Amdalah décida d’avoir ma peau.

    Il donna des instructions aux soldats qu’il croisa sur l’axe Boundiali-Korhogo afin qu’on m’abatte dès qu’on me voyait car je serais moi aussi un infiltré de Gbagbo et qu’il aurait arrêté mes complices maliens. Un jour, pendant que les populations de la zone CNO étaient encore sous le choc des bombardements des avions de guerre de Gbagbo, pendant que les populations de Korhogo étaient traumatisées par le passage des Sukoy, de retour de Korhogo pour une mission, je suis arrêté par des soldats à Siempourgo.

    J’avais une voiture qui ne passait pas inaperçue dans la zone. C’était ma Mercedes 190 blanche sur laquelle c’était écrit ONG « Ecole Pour Tous ». Heureusement que les soldats en question me connaissaient et me respectaient. Ce sont eux qui m’ont dit de faire attention car ils avaient reçu des instructions d’Amdalah de m’abattre dès qu’ils me voyaient car j’aurais été dénoncé par lui comme un infiltré.

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    Les soldats m’ont laissé rentrer à Boundiali en prenant le soin de m’accompagner jusqu’en ville pour assurer ma sécurité. Aussitôt arrivé à Boundiali, j’informe le Secrétariat Général, à partir du téléphone satellitaire que je venais d’acheter, du danger qui courrait sur ma tête. Amdalah fut convoqué à Bouaké et on lui donna instructions de libérer ses otages.

    Mieux, le commandant Touré, absent de Boundiali, me donna ordre d’aller sur Tengrela pour vérifier si les instructions données concernant les otages maliens étaient respectées. Ce que je fis. A ma vue à Tengrela, Amdalah paniqua pendant que j’étais d’une sérénité de maison inachevée. Vu les soldats qui m’ont accompagné pour cette mission et vu leur armement, Amdalah me reçu à son bureau tout tremblant et m’informa qu’il venait de libérer ses otages.

    Je lui donnai ordre de nous accompagner à la frontière du Mali pour remettre la voiture de mes invités maliens aux autorités maliennes. Ce qui fut fait avec toutes les excuses de Guillaume Soro aux autorités militaires maliennes. La presse malienne a l’époque, a fait un large échos de cet enlèvement des membres de cette ONG par Amdalah.

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    Quelques jours après, sur instruction de Guillaume Soro, Amdalah fut relevé de ses fonctions et remplacé par Abou Fama. Guillaume Soro parle d’ailleurs de cet épisode dans son livre « Pourquoi je suis devenu rebelle » pour montrer qu’il lui arrivait de sanctionner les soldats indélicats sous son autorité. Et ironie du sort, jeté à Bouaké, c’est moi qui dépannais de temps en temps ,en matière d’argent, Amdalah qui se cherchait, pour parler comme les ivoiriens. Aujourd’hui, Amdalah est décédé et paix à son âme.

    Il faut noter qu’Amdalah était un soldat qui a donné du fil à retordre à Guillaume Soro lorsqu’il était le Commandant des opérations d’Odienne. Pour le sanctionner, on l’a envoyé à Tengrela. Là bas encore, il a fait des bêtises jusqu’à ce qu’on le dépose à Bouaké. Après la crise post-electorale, il a trouvé un point de chute à l’état major des armées sous le commandement du général Bakayoko. Quelque temps après, malade qu’il était depuis longtemps, il décéda des suites du diabète qui le rongeait depuis des années.

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