A l’occasion du dialogue entre les présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, la CDRP s’est prononcé ce 13 novembre 2020.
Les partis Politiques membres de la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (CDRP) ont fait un Mémorandum relatif à l’appel de Monsieur Alassane Ouattara pour renouer le dialogue avec le Président Henri Konan Bédié.
I) CONTEXTE
Au cours de son allocution télévisée du lundi 09 novembre 2020, le Président sortant Alassane Ouattara a exprimé son désir de rencontrer le Président Henri Konan Bédié. Cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre du dialogue politique réclamé de longue date par l’opposition, a eu lieu le 11 novembre 2020, au Golf Hôtel. Les deux personnalités ont convenu de se revoir pour approfondir les discussions en vue de réunir les conditions d’une paix véritable et durable en Côte d’Ivoire.
Les partis membres de la CDRP félicitent et encouragent le Président Henri Konan Bédié pour son sens élevé de responsabilité en acceptant cette rencontre.
Les partis membres de la CDRP, acteurs privilégiés de l’actualité récente de notre pays, viennent par ce mémorandum donner leur point de vue sur les discussions à venir.
Il est utile de rappeler que la CDRP et la quasi totalité de l’opposition ont, très tôt, décelé les signes avant-coureurs de la crise que nous vivons aujourd’hui lorsque, le Président sortant contre toute attente, a décidé de briguer un troisième mandat, alors que la Constitution de la Cote D’ivoire limite le nombre de mandats à deux.
Pour aboutir à ses fins, il a créé un environnement politique délétère et mis en place des organes totalement acquis à sa cause, notamment une Commission Electorale dite indépendante et un Conseil Constitutionnel aux ordres.
C’est pourquoi les partis membres de la CDRP et l’opposition s’étaient tous rassemblés, pour mener des négociations en vue s’assainir l’environnement politique et traiter en amont, des questions liées à l’organisation de l’élection présidentielle, de celles relatives au code, la composition de la CEI et à la candidature du Président sortant, Alassane OUATTARA, à un troisième mandat.
Malgré les appels et autres recours à des institutions, les correspondances et autres saisines en faisant foi, les démarches initiées par la CDRP et l’opposition, n’ont jamais été entendues par le régime de monsieur Alassane Ouattara et par le RHDP. C’est donc ce refus de dialogue et du non-respect des dispositions de notre Constitution, notre loi fondamentale qui a plongé notre pays dans la grave crise que nous connaissons maintenant avec hélas, d’importantes conséquences dont :
– de nombreuses pertes en vies humaines ;
– l’instrumentalisation de conflits communautaires des destructions massives de biens matériels ;
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des poursuites et des incarcérations arbitraires ;
la mise sous blocus des résidences de personnalités de l’opposition ;
Pour ramener une paix durable dans notre Pays la Côte D’Ivoire et abréger la souffrance des populations, la CDRP continuera de privilégier la voie du dialogue et de la négociation. Il y a cependant des conditions à remplir.
II) PREALABLES A LA DISCUSSION
La CDRP exige compte tenu de l’environnement actuel et de ce qui précède, que les conditions qui suivent soient satisfaites avant toute discussion. Nul ne peut et nous citons « ……. aller à une table de négociation en étant bâillonné, privé de ses droits élémentaires et de sa liberté de mouvement ». (Déclaration du PDCI-RDA en date du 11/11/2020)
C’est pourquoi, avant toute discussion, la CDRP demande :
La levée définitive du blocus autour de la résidence du Président Henri Konan ;
La levée définitive du blocus autour des résidences de tous les leaders des partis politiques de l’opposition, notamment celles du Pr Maurice KAKOU GUIKAHUE, du Dr Assoua Adou, de messieurs Affi N’Guessan, Albert Mabri Toikeusse et Hubert Oulaye ;
La libération de tous les responsables et militants des partis politiques de l’opposition, ainsi que les acteurs de la société civile, injustement et illégalement incarcérés, dont le Pr Maurice KAKOU GUIKAHUE, M. N’Dri Pierre Narcisse, le Président Félicien Sékongo, le ministre Alain Lobognon, Député à l’Assemblée Nationale, Mmes Anne Marie Bonifon, Pulcherie Gbalet, Valérie Yapo, Mr Assi N’Guessan, les Sénateurs Seri Bi N’Guessan et Bassy Koffi ;
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Le retour sécurisé de toutes les personnalités maintenues en exil au mépris de l’article 22 de notre loi fondamentale, dont le Président Laurent Gbagbo, le Président Soro Kigbafori Guillaume, le Ministre Charles Blé Goudé et le Maire Akossi Bendjo ;
La cessation de toutes les poursuites judiciaires contre les responsables et militants de l’opposition, ainsi que les acteurs de la société civile ;
Le retour à un fonctionnement normal des partis politiques de l’opposition, avec un libre accès à leurs locaux ;
La création d’une commission d’enquête internationale sur les événements survenus dans notre pays depuis le mois d’août 2020 et la mise en place de dispositions permettant d’indemniser les victimes ;
La libération de tous les prisonniers politiques et militaires du conflit post électoral de 2010 ;
Le démantèlement des milices du régime RHDP.
En outre, les autres partis membres de la CDRP réaffirment la nécessité du dialogue inclusif et son élargissement à l’ensemble des personnalités et des plateformes et partis politiques de l’opposition rassemblés autour du Président Henri Konan BEDIE tel que rappelé par le communiqué du PDCI-RDA, en date du 11 novembre 2020.
III) PROBLEMES DE FOND ET PERSPECTIVES
Les problèmes politiques soulevés par la CDRP et toute l’opposition ivoirienne que le pouvoir du RDHP a rejetés du revers de la main demeurent et sont donc à résoudre pour inscrire notre pays dans un état de droit et ramener les conditions d’une paix définitive et durable. Il s’agit de :
strict respect des dispositions de la Constitution de 2016 ;
L’invalidation du scrutin du 31/10/20020 ;
La reprise des discussions sur la CEI et la réforme de cet organe ;
La dissolution et réforme du Conseil Constitutionnel ;
L’audit de la liste électorale ;
La CDRP consciente de ses responsabilités historiques informe ses militants et sympathisants qu’elle a pris la décision de maintenir le mot d’ordre de désobéissance civile dans le respect de la non-violence et de la paix.
Fait à Abidjan le 13 novembre 2020