« C’est triste à dire mais le grand ennemi de la démocratie en Afrique, c’est l’argent » a déclaré Serge Bilé sur sa page Facebook.
Souvent j’ai honte quand j’explique à des amis d’ici que, dans certains pays d’Afrique, pourtant riches, on achète le vote des citoyens avec un simple morceau de pain et une boîte de sardines. Ça marche aussi avec un teeshirt. Hélas…
J’ai honte de voir comment celles et ceux d’en haut, qui profitent du fruit des impôts de leurs peuples, traitent les « éclaireurs », que sont les artistes, les auteurs et plus généralement les esprits libres, dont le rôle est de brasser des idées, de contester et d’initier des débats.
Parce qu’ils ont acheté un tableau de l’un ou un livre de l’autre, parce qu’ils ont accordé une légitime subvention, ils croient avoir fait de tel ou telle leurs obligés… J’ai honte de voir comment de brillants intellectuels et des cadres de haut vol sont prêts à renier leurs convictions, quand ils en ont, et à brader leurs idéaux, s’il leur en reste, pour un poste, un titre ou des prébendes.
C’est triste à dire mais le grand ennemi de la démocratie en Afrique, c’est l’argent. À tous les niveaux. On aura beau remplacer X par Y, s’il n’y a pas de remise en question générale pour renouer avec les valeurs ancestrales de ce continent, l’opposant admirable d’hier deviendra, sauf exceptions, le despote détestable de demain, flatté par une cour grassement nourrie qui, comme son chef, raisonne à court terme mais court tôt ou tard à sa perte.