Sarah Maldoror alias Sarah Ducados est décédée le 13 avril 2020 à Paris en France à 90 ans. Un décès et une mort causés par le coronavirus (Covid-19).
La mort et le coronavirus (Covid-19) ont encore frappé le monde de la culture. La cinéaste Sarah Maldoror s’est éteinte lundi 13 avril 2020 à Paris, des suites du coronavirus, à l’âge de 90 ans. Cinéaste, elle a réalisé de nombreux films sur l’histoire de l’Afrique et elle a participé aux luttes des indépendances sur le continent africain, notamment en Algérie, en Guinée et Guinée-Bissau.
Sarah Maldoror naît en 1929 dans le Gers (sud-ouest de la France), d’un père guadeloupéen et d’une mère métropolitaine. La jeune Sarah Ducados, comme indique son nom de baptême, grandit à Toulouse. Très tôt, elle se passionne pour le théâtre. Installée à Paris, elle intègre une École de théâtre et après avoir lu Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont, elle adopte le nom de « Maldoror », en hommage à l’écrivain.
Une femme de théâtre
Sarah Maldoror est souvent engagée pour interpréter de petits rôles et prend conscience des difficultés que rencontrent les comédiens noirs dans le milieu. En 1956, avec trois de ses amis – la chanteuse haïtienne Toto Bissainthe, l’Ivoirien Timité Bassori et le Sénégalais Ababacar Samb -, elle crée la Compagnie africaine d’art dramatique Les Griots. La troupe, composée d’acteurs africains et caribéens, interprète des pièces comme La Tragédie du Roi Christophe d’Aimé Césaire, Les nègres de Jean Genet, ou encore No Exit de l’écrivain Jean-Paul Sartre.
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C’est dans la capitale française que la comédienne prend conscience de la situation en Afrique. Elle rencontre et écoute des militants anticolonialistes, dont elle comprend la justesse du combat.
Engagée dans les luttes de libération en Afrique
En 1961, elle obtient une bourse de l’Union soviétique pour étudier le cinéma à Moscou. Elle s’y s’investit car elle considère que le cinéma est un outil idéal pour éveiller la conscience politique des masses et pour décoloniser la pensée.
Sarah Maldoror s’implique dans la lutte des mouvements de libération en Afrique. Elle partage sa vie avec le leader membre fondateur du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), l’écrivain angolais Mario de Andrade, avec qui elle aura deux filles. Parmi ses camarades de lutte : Agostinho Neto, qui deviendra président de la République populaire d’Angola ; ou encore Almicar Cabral, fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert.
Le maquis en Guinée-Bissau, dénonciation de la torture en Algérie
La cinéaste soutient aussi des militants noirs américains des Blacks Panthers et ceux luttant contre la ségrégation raciale aux États-Unis. La Guadeloupéenne s’engage même dans le maquis en Guinée-Bissau.
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En 1969, elle réalise son premier film sur les tortures en Algérie : « Monagambé ». Sarah Maldoror tourne également des fictions et des documentaires en Guinée-Bissau, au Cap-Vert, ou au Congo. En 1972, elle y tourne Sambizanga un film sur la guerre de libération de l’Angola.
Portraits de grandes figues littéraires et artistiques
Alors qu’elle compte à son actif plus d’une trentaine de films, elle a aussi réalisé des portraits des grandes figures de la littérature comme Aimé Césaire, Léon Gontran Damas et René Depestre. Mais également celui de Toto Bissainthe, du poète français Louis Aragon et du peintre et sculpteur espagnol Joan Miró.
Sarah Maldoror a été récompensée par de très nombreux prix pour ses films. Elle s’est vu décerner le prix du meilleur réalisateur par le Festival de Carthage ou le prix de l’Office catholique… La cinéaste a également reçu l’ordre national du Mérite par le gouvernement Français en 2011. La Guadeloupéenne Sarah Maldoror a aimé passionnément l’Afrique, où elle a vécu et s’est engagée corps et âme.